Les deuxièmes « Rencontres européennes régionales de Saint-Étienne » se sont déroulées au lycée Claude Fauriel et à l’Hôtel de Ville de Saint-Étienne, le 8 et le 9 décembre 2023. Les CPGE (classes préparatoires aux grandes écoles) stéphanoises tiennent ainsi la promesse d’organiser tous les deux ans un forum de réflexion multidisciplinaire sur les grands enjeux du monde contemporain, à l’échelle européenne. L’URALE – Union régionale des acteurs locaux de l’Europe – continue de jouer son rôle de partenaire solide, engagé et enthousiaste.
Cette année, les rencontres ont été consacrées aux pays d’Europe centrale et orientale, aux changements qu’ils ont vécus depuis trente ans et au rôle qu’ils jouent dans ou face à l’Union européenne, d’un côté, et vis-à-vis de leurs voisins orientaux, de l’autre.
Au cours de la première session, intitulée « Frontières, limites et circulations », géographes et juristes ont présenté des enquêtes de terrain, portant un regard « au ras du sol » sur les groupes sociaux qui construisent, subissent, habitent et franchissent ces lignes de clivage qui sont parfois des espaces de partage et des paysages culturels originaux. D’autre part, ces limites font l’objet de définitions juridiques qui les transforment en normes et institutions, relevant d’intentions politiques contradictoires (Chypre, Macédoine) ou de regards et d’étiquettes discutées (Rom).
La dimension géopolitique et géoéconomique du sujet a occupé intervenants, enseignants, étudiants et public extérieur lors de la deuxième session, suivie par la table ronde organisée à l’Hôtel de Ville. Les différentes contributions ont apporté des connaissances de première main sur les évolutions du paysage politique de ces pays et sur leur politique étrangère. Par ailleurs, les débats ont été âpres au sujet du positionnement de ces pays entre l’UE et l’OTAN, d’un côté, et la Russie, de l’autre. Sans surprise, l’actualité brûlante de la guerre en Ukraine s’est révélée un sujet de crispation et de polémique quant aux responsabilités et aux manipulations, voire l’ingérence étrangère, susceptibles d’influencer les gouvernements et les opinions publiques, de part et d’autre de l’ancien Rideau de fer.
Enfin, les communications du samedi matin, réunies sous l’intitulé « Quel narratif commun pour demain ? », ont mis au cœur de la réflexion la dimension historique et les narrations valorisées dans le cadre de la reconstruction (Hongrie) voire de la construction inédite (Croatie) de certaines identités nationales après 1989. Entre survivances, reliques et fantômes, certains tropismes se caractérisent ainsi comme le résultat en transition d’héritages multiples, culturels et historiques, stratifiés et enchevêtrés au fil des siècles. Ces identités contribuent à la construction de nouvelles solidarités et façonnent l’espace européen à venir.
Les organisateurs espèrent que ces deux journées d’étude auront été une occasion d’enrichissement culturel et citoyen pour tous les participants (180 personnes au lycée Fauriel et en distanciel, une quarantaine à l’Hôtel de Ville), car c’est de notre monde et de notre futur proche dont il a été question. Nous remercions les intervenants ainsi que la mairie de Saint-Étienne et l’URALE pour leurs contributions respectives, sans lesquelles rien n’eût été possible. Sous réserve de l’accord de chacun des intervenants, l’enregistrement de cet événement sera mis à disposition prochainement sur un site institutionnel.